Plainte contre l’auteur algérien Kamel Daoud : récit de vie sous questionnement
Dans un geste audacieux, une citoyenne algérienne, Sâada Arabane, a intenté une action en justice auprès du tribunal d’Oran contre l’écrivain et romancier Kamel Daoud. Elle l’accuse d’avoir exploité son histoire personnelle pour en faire un matériau littéraire sans autorisation préalable. Cette affaire pose une question cruciale sur les droits d’auteur et l’intégrité personnelle, face à une situation où la frontière entre fiction et réalité semble floue.
Lors d’une conférence de presse tenue jeudi, l’avocate Fatima-Zahra Ben Braham a exposé en détail le cas de sa cliente, Sâada Arabane, et de son époux, psychologue de profession. Deux plaintes ont été déposées : l’une au nom de l’Organisation Nationale des Victimes du Terrorisme et l’autre au nom de Sâada Arabane elle-même.
Pour étayer ses revendications, Maître Ben Braham a présenté des preuves significatives, notamment la description d’un tatouage distinctif de Sâada Arabane mentionné dans l’une des œuvres de Kamel Daoud. Selon l’avocate, ce fait est révélateur d’une appropriation non autorisée de l’expérience vécue de sa cliente. Bien qu’affirmant ne nourrir aucune animosité personnelle envers Daoud et son épouse, elle insiste sur sa rigueur professionnelle : « Je suis une juriste et je m’appuie sur des preuves ».
Les ramifications culturelles de cet incident se répercutent également au-delà des frontières : le roman « Les Nymphes », rédigé en Algérie mais publié en France, a jeté un défi à l’admissibilité de Daoud pour le Prix Goncourt, a indiqué Ben Braham. Elle rappelle que l’attribution de cette prestigieuse récompense requiert une œuvre de pure fiction qui préserve la dignité des personnes impliquées, qu’elles soient vivantes ou décédées. Selon elle, ces critères essentiels n’ont pas été respectés.
Ben Braham a conclu la conférence en soulignant que « la femme algérienne est libre, elle s’habille comme elle le souhaite, elle est digne et ne vit pas le joug que Daoud prétend décrire à l’Europe ». Cette affaire illustre la complexité des relations entre création littéraire et respect des droits individuels, situant la justice algérienne au cœur d’un débat qui interroge les valeurs de liberté et d’intégrité.