L’Algérie, avec son économie riche en ressources, fait face à un phénomène singulier : l’évolution de la valeur du dinar algérien sur le marché parallèle des devises. Dans un contexte où les restrictions sur les changes et l’influence de la diaspora algérienne se conjuguent, le dinar connaît des fluctuations qui alimentent les débats. Cet article s’attarde sur les enjeux liés aux taux de change et aux dynamiques du marché noir, des éléments qui affectent tant le pouvoir d’achat des citoyens que les choix économiques à l’échelle nationale.
État des lieux du marché des devises en Algérie
Le marché des devises en Algérie a gagné en notoriété, surtout ces dernières années, avec l’émergence d’un marché informel qui facilite les échanges entre particuliers, touristes et entreprises. Les transactions se font souvent sur des places publiques, comme au Square Port-Said à Alger, où les cambistes se réunissent pour échanger des devises contre le dinar algérien. Ce système informel, bien que prisé, soulève des questions sur la régulation et la sécurité des échanges.
Une étude récente a estimé que le marché noir des devises représente entre 3 à 5 milliards d’euros de transactions par an, alimentées notamment par les retraités algériens vivant en France. Ces derniers contribuent à l’influx de devises, notamment l’euro, qui est devenu incontournable pour le financement des besoins quotidiens. Mais dans un tel cadre, la loi de l’offre et la demande est la seule règle qui régit la valeur des devises. Ainsi, le taux de change varie considérablement selon les lieux et les offres disponibles.
Les différents acteurs du marché informel
Le marché parallèle se compose de plusieurs acteurs qui jouent des rôles distincts dans la chaîne d’échanges. Voici les principaux :
- Les petits revendeurs (ramasseurs) : ils achètent de petites quantités de devises auprès de particuliers.
- Les grossistes : ils négocient de plus grands volumes de devises et ont tendance à influer sur le prix grâce à leur volume d’achat.
- Les grands barmans : ces passeurs achemine environ 90% des devises vers des destinations offshore, manipulant ainsi des sommes considérables.
Avec cette structure en place, il est essentiel de partir à la découverte des implications des taux de change du dinar algérien face aux principales devises mondiales.

Les fluctuations du dinar algérien
La Banque d’Algérie joue un rôle crucial dans la régulation du marché des devises, mais les taux officiels restent largement éloignés de ceux pratiqués dans le marché noir. En avril 2025, il a été observé que l’euro se négocie à 252 dinars à l’achat et 254 dinars à la vente sur le marché parallèle, tandis que la Banque d’Algérie le fixe à seulement 146,45 dinars à l’achat. Ce déséquilibre crée une dynamique où le pouvoir d’achat des citoyens est directement impacté.
Le dollar américain, quant à lui, avait un taux respectif de 234 dinars à l’achat et 236 à la vente sur le marché noir, alors que les tarifs officiels s’affichaient à 133,25 dinars à l’achat. Il est donc devenu évident que les Algériens ont du mal à naviguer dans ce contexte. De plus, la valeur de la livre sterling sur le marché noir atteint 297 dinars à l’achat, soulignant encore davantage cet écart. Pourquoi ce phénomène persiste-t-il ?
La réponse tient souvent à une combinaison de causes économiques, politiques et sociales. L’instabilité politique et les restrictions imposées au système bancaire engendrent une méfiance générale vis-à-vis du système officiel, ce qui incite de nombreux citoyens à recourir à des moyens alternatifs pour leurs échanges de devises.
| Devise | Taux d’achat (marché noir) | Taux de vente (marché noir) | Taux d’achat (Banque d’Algérie) | Taux de vente (Banque d’Algérie) |
|---|---|---|---|---|
| Euro | 252 DZD | 254 DZD | 146,45 DZD | 146,49 DZD |
| Dollar américain | 234 DZD | 236 DZD | 133,25 DZD | 133,26 DZD |
| Livres sterling | 297 DZD | 299 DZD | 173,23 DZD | 173,27 DZD |
L’impact des devises étrangères sur l’économie algérienne
Comprendre les taux de change du dinar algérien nécessite une analyse de ses conséquences sur l’économie locale. Le dinar, en tant qu’unité monétaire, influence également les transactions commerciales, les prévisions de consommation et les choix des investisseurs. L’inflation, très présente en Algérie, est exacerbée par la dévaluation de la monnaie, rendant les produits importés de plus en plus chers.
Les entreprises, telles que Cevital ou Sonatrach, doivent composer avec la réalité d’un dinar affaibli, ce qui rend leurs coûts de production plus élevés. Pour contrer cette tendance, elles doivent ajuster leurs prix, ce qui peut entraîner une hausse générale des prix dans l’ensemble des secteurs, affectant ainsi le pouvoir d’achat des consommateurs.
Les effets sur les citoyens algériens
Les fluctuations du dinar influencent directement la vie quotidienne des Algériens. Voici quelques effets notables :
- Augmentation du coût de la vie : le prix des produits de première nécessité, en particulier ceux importés, s’accroît en raison de la hausse des taux de change.
- Budget familial en difficulté : les familles doivent consacrer des parts de leur budget aux dépenses liées à l’achat de biens essentiels.
- Migration de la main-d’œuvre : de nombreux Algériens choisissent de chercher des opportunités à l’étranger pour échapper à cette précarité économique.
Il est crucial de surveiller ces impacts, car ils peuvent influencer les futures politiques économiques et sociales de l’Algérie.

Perspectives d’évolution du dinar sur le marché parallèle
Toujours à la croisée des chemins, le dinar algérien doit faire face à plusieurs défis dans un marché parallèle qui affiche autant de robustesse que de vulnérabilités. Anticiper l’évolution de cette monnaie passe par des analyses multifactoriels englobant la situation politique, la stabilité économique, ainsi que la perception de la population envers les institutions financières.
Des initiatives, comme l’investissement dans des secteurs clés tels que le tourisme ou l’agriculture, pourraient également jouer un rôle fondamental dans le redressement du dinar. L’Algérie Télécom et d’autres entreprises deviennent des piliers sur lesquels on peut s’appuyer pour redopera la confiance envers le marché officiel.
Éventuelles politiques de régulation
Pour contrer les effets d’un marché parallèle florissant, plusieurs solutions pourraient être envisagées :
- Réglementation des échanges : créer un cadre réglementaire solide pour encadrer les opérations de change.
- Campagnes de sensibilisation : éduquer la population sur les dangers du marché noir et les bénéfices d’un système formel.
- Stimuler la confiance : améliorer la transparence et l’efficacité des services de la Banque nationale d’Algérie.
En agissant sur ces fronts, il pourrait y avoir des chances de rétablir la stabilité du dinar. Toutefois, cela nécessiterait un engagement fort de la part des autorités algériennes et une collaboration avec la société civile.
| Aspect | Défi | Solution potentielle |
|---|---|---|
| Inflation | Monnaie affaiblie provoquant une hausse des prix | Encourager les investissements locaux et améliorer la production nationale |
| Confiance du public | Préférence pour le marché noir | Renforcer la légitimité des institutions financières |
| Régulation | Manque de contrôle sur les transactions | Mettre en place un cadre spécifique pour les échanges de devises |
Focus sur des entreprises stratégiques face à la fluctuation du dinar
Dans un environnement économique chaotique, certaines entreprises algériennes se distinguent en naviguant les tumultes du marché des devises. Des entreprises comme Air Algérie sont particulièrement concernées, car le coût du carburant est affecté par la valeur de la monnaie locale, impactant ainsi les prix des billets. D’autre part, les entreprises de télécommunication telles que Mobilis, Djezzy, et Ooredoo Algérie sont confrontées à des coûts d’importation en augmentation pour leurs équipements, rendant leurs opérations commerciales de plus en plus délicates.
À cela s’ajoute encore un défi de taille : la concurrence des acteurs de la région. Ces entreprises doivent non seulement parer aux risques liés à leur fonctionnement interne, mais également se positionner face à des multinationales qui ont une plus grande flexibilité de change.
Un havre pour les entreprises
Pour faire face à cette instabilité, les entreprises algériennes peuvent explorer plusieurs stratégies :
- Optimisation des coûts : revoir les processus pour réduire les dépenses et accorder une attention particulière à la chaîne d’approvisionnement.
- Diversification des produits : proposer des services ou produits moins dépendants des échanges extérieurs.
- Collaboration avec des partenaires locaux : s’associer avec d’autres acteurs économiques pour mutualiser les ressources et réduire les risques.
Ces initiatives ne sont pas seulement bénéfiques pour la pérennité des entreprises, mais elles contribuent aussi à renforcer l’économie algérienne dans son ensemble.
Le panorama du dinar algérien sur le marché parallèle de la devise est marqué par une complexité intrigante, oscillant entre opportunités et défis. Bien que les acteurs du marché noir s’épanouissent dans l’informalité, l’avenir du dinar dépendra en grande partie de la capacité des institutions à rétablir un climat de confiance auprès des citoyens et à réguler ce secteur. Le chemin à parcourir est long, mais les solutions existent pour élever le dinar vers des cieux plus favorables.



